Soirée débat du 11 mai
« l’organisation de l’espace en zone littorale »
( compte rendu)
Israël BACOR introduit le sujet et présente l’évolution démographique et de l’habitat de la commune. Entre 1999 et 2006, la croissance des logements a été de 14,1% pour une moyenne du Pays de Brest à 13,3%. Plougonvelin connaît particulièrement une forte évolution de résidences principales tandis que le nombre de résidences secondaires diminue depuis 1995. Plougonvelin, ville littorale attire principalement une population de classe moyenne dont 41% vient de BMO. De même, le revenu fiscal médian de la commune se trouve dans la tranche supérieure du Pays de BREST soit >17000 Euros. La moyenne du prix de vente des terrains en 2005 pour Plougonvelin, Saint Renan et Le Conquet est la plus forte du Pays d’Iroise. Le prix du m2 à Plougonvelin en 2006 est supérieur à 120 Euros, la pression foncière à Plougonvelin est une réalité. Notons que la taxe d’habitation est de 17,99% soit une augmentation de 38,38% depuis 2000 avec une revue à la baisse des abattements; Plougonvelin est à la 21ème place dans le classement par taux décroissant des 281 communes du Finistère. Ces chiffres totalement cohérents montrent que Plougonvelin n’est pas un cas atypique en Bretagne.
La conséquence de cette forte pression foncière est le déplacement vers le rétro- littoral des jeunes ménages entraînant un taux de vieillissement important du littoral.
Face à ce phénomène dramatique pour l’avenir des communes littorales, Yves LE BAHY, Professeur à l’IUP d’Aménagement maritime et littoral à l’Université de Bretagne Sud-Lorient, membre du comité de sites de Lorient, co-auteur du livre « Le Littoral Agressé » présente des pistes et des exemples pratiques réalisés dans le Morbihan pour préserver entre autre la mixité sociale et intergénérationnelle sur le littoral.
Il attire l’attention sur la « littoralisation » de la Bretagne : plus de 60% de la population vit dans une bande littorale de 20 kms. Le phénomène est encore plus fort dans le Morbihan où, sous une forte pression touristique ( population multipliée par 32 à 38 en été dans certaines communes), la croissance exponentielle des résidences secondaires provoque une « artificialisation » du paysage (bétonnage) à travers un aménagement désordonné et entraîne une exclusion des jeunes ménages vers l’arrière pays. Cet étalement urbain, sous la pression des promoteurs, transforme les terrains agricoles, seuls remparts à ce jour contre une urbanisation effrénée, en zones constructibles. L’intervention publique devient de plus en plus centrale pour réguler l’espace, énoncer une règle d’urbanisme et moduler la valeur foncière. Cette régulation ne peut se faire qu’à travers une certaine maîtrise foncière ; or, les communes s’endettent et vendent leur patrimoine pour investir massivement dans le développement touristique, la nouvelle poule aux œufs d’or.
Questions : Est ce une fatalité ? L’Etat a délégué aux collectivités et aux citoyens le pouvoir de protéger, préserver et sauvegarder leur patrimoine dont le littoral ; ce droit est-il bien utilisé par les communes et les citoyens? Le PLU, d’abord un outil pour sauvegarder et préserver durablement notre patrimoine et non seulement pour urbaniser, est-il bien utilisé et compris?
Beaucoup d’outils sont à la disposition des collectivités : la Fiscalité, les outils inanciers ( Etablissement Public foncier…), les outils juridiques ( PLU, SCOT, PLH,..), les outils contractuels( Contrat de pays, agriculture durable…) et la production des équipements et espaces publics. La loi prévoit une large participation des citoyens à travers les Projets d’Aménagement et de Développement Durable (PADD). Sommes-nous tous suffisamment associés à tous ces mécanismes ?
L’aménagement doit maintenant être pris dans sa globalité intégrant tous les paramètres sociaux, économiques, environnementaux, en évaluant à chaque fois son impact sur le milieu, pour éviter un certain nombre d’aberrations qui perdurent.
Certes, tous les outils de régulation n’ont pas pu être abordés dans ce long et fort intéressant débat, ce sera pour une autre fois. Des expériences existent ailleurs, ex : rachat du terrain agricole par la collectivité pour sauvegarder une activité économique, favoriser l’accession à la propriété a une certaine catégorie de la population sous certains critères ; toutes nos pratiques sont à revoir dans ce nouveau contexte.
Avons-nous la volonté politique pour les appliquer dans notre commune ? Cette rupture voulue au niveau de toutes les instances décisionnelles nous invite tous, citoyens et élus, à modifier nos modes de pensées et nos comportements face à ce phénomène très complexe.
Le niveau élevé des échanges dans ce débat démontre d’abord le besoin d’en savoir plus et un manque certain d’information ; un grand merci à Yves LE BAHY.
Rendez vous à notre prochaine soirée débat le 14 juin prochain qui clôtura ce premier semestre d’activités.
Commentaires